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Je dédie ce livre à Bernard Giraudeau et David Servan-Schreiber. J’ai eu la chance et le privilège de les connaître tous les deux, ensemble et séparément. Ils symbolisent pour moi les deux passions qui animent ma vie : le cinéma et la médecine. J’ai essayé tant bien que mal de concilier les deux, quittant mon cabinet quinze jours, ou un mois, voire plus, le temps d’un tournage… J’ai dû écrire et réaliser entre 80 et 100 films, courts- et moyens-métrages, films institutionnels, films médicaux, mais aussi quelques fictions, publicités et clips qui peuvent encore se regarder (www.brackfilms.com).

Bernard Giraudeau n’était pas seulement le comédien de L’Année des méduses ou de Rue Barbare, mais aussi un auteur et un réalisateur de talent. J’avais été très impressionné par l’esthétiquecinématographique, tant de l’image que du propos de Caprices d’un fleuve.

Robert, le chauffeur personnel de JJSS (Jean-Jacques Servan-Schreiber, le père de David) ramenait parfois tard le soir mon père à la maison. Robert était un personnage hors du commun, il vouait une admiration et une dévotion sans borne à son patron. Témoin privilégié des rondes des grands de ce monde, il portait sur la vie et les gens une réflexion philosophique très personnelle et empathique. Chacune de ses phrases se terminait inéluctablement par un : « De toute façon nous sommes tous que de la poussière… »

S’il avait pu lire Léonard Susskind ou Stephen Hawking, il aurait compris combien il avait raison.

David n’était pas seulement le médecin avec une brillante carrière aux USA, mais surtout un pionnier, un visionnaire conscient de la nécessité de repenser profondément une façon inertielle et trop souvent partisane de concevoir les maladies et leurs traitements.

Non pas en remettant en cause les bases même des médecines conventionnelles, qu’ils ont tous les deux remarquablement respectées, mais en les aménageant, en les enrichissant, en les optimisant d’une prise en charge plus holistique dont on ne peut aujourd’hui en toute honnêteté scientifique contester ni la légitimité, ni l’efficacité…

Ils ont ainsi mené tous les deux un combat extraordinaire, admirable dans tous les sens du terme, contre leur cancer respectif.

Ils ont surtout fait voler en éclats les statistiques dramatiques qu’une médecine toute technocratique et que certains voudraient « évidente » (je parle de l’Evidence Based Medicine sur laquelle je reviendrai plus tard..), leur imposait comme seul et incontestable trop court horizon.

Leur combat est un signe fort pour tous les patients du monde, mais aussi pour l’ensemble du corps médical parfois égaré dans les pseudo-vérités statistiques.

Quand enfin les médecins concentreront leurs efforts sur les 1,28 % plutôt que de se satisfaire des 98,72 % des études multicentriques internationales, alors la médecine renouera-t-elle peut-être avec sa vraie vocation : le Patient, Être unique, Indivisible, Objet primordial d’un serment qu’ils ont pourtant tous prêté.