Lorsque l’on quitte la route côtière qui mène de Cancale à Saint- Malo, il faut s’arrêter sur le côté et s’enfoncer à pied par le chemin des douaniers qui serpente dans les genêts vers la mer que l’on sent si près. Tout à coup, lorsque le petit chemin étroit et tortueux émerge au bord de la falaise, on découvre l’océan sur un panorama grand angle de 180 degrés. Le spectacle est grandiose et force quelques instants à l’immobilité. Le regard tout entier est envahi par le ciel, l’horizon, et l’immensité de la mer. Quelques dizaines de mètres plus bas, des plages de sable vierge serties dans de petites criques de granit, luisent au soleil.

Je me suis arrêté un court instant ivre d’espace et d’infinis, debout, verticalité dérisoire face à cet opéra gigantesque d’horizontalités. L’air semblait scintiller de milliards de milliards de particules évanescentes. La lumière vibrait tout autour et l’idée me traversa qu’il y avait là peut-être, flottant au gré d’une brise légère, les cordes infinitésimales de Bernard et de David… 

CHAP. 4-12